mercredi 17 septembre 2014

En avant, calme et droit ... Certes, mais si nous allions de côté ?

Alexis L'Hotte a tout dit lorsqu'il a énoncé ces trois mots, fondations de toute équitation, quelles qu'en soient les disciplines.

Aujourd'hui j'ai envie de creuser avec vous un impérissable et fondamental exercice, que sont les déplacements latéraux. Nous allons donc en avant ... et de côté.



Les déplacements latéraux sont multiples, chacun ayant ses spécificités et ponctuant la progression du cheval de selle, du jeune cheval au killer des carrés de dressage.

Vaste menu en effet, partant des chassements de hanches ou d'épaules pour arriver aux appuyers, têtes aux murs, épaule en dedans, contre épaule en dedans, en passant par les simples cessions à la jambe.

Notre jeune trotteur tout frais sorti de sa piste d'hippodrome est fondamentalement longitudinal, et nous pouvons même nous extasier sur "oh mais qu'est-ce qu'il est bien assoupli de la tête à la queue, ce petit cheval".

Certes. Mais quand on commence à vouloir lui demander de mobiliser une partie de son corps en particulier (et notamment de dissocier les hanches et les épaules), Trottinette ne comprend plus, et se retrouve queue par dessus tête.

Pourtant, une fois les règles de base acquises, les trois allures, le respect de la main, les codes de transition et même quelques foulées correctes aux trois allures, à moins de vouloir se contenter de promenades et de lignes droites dans la carrière, il devient indispensable d'apprendre à son trotteur à marcher comme un crabe, et de faire des jolis mélanges avec ses papattes.


Trottinette aux JEM, on a bien le droit de rêver ...


Beaucoup plus facile à dire qu'à faire, mais laissez moi vous en expliquer le bénéfice.

Lors des déplacements latéraux, au niveau des postérieurs, deux grands groupes musculaires travaillent. Les fessiers et le biceps fémoral permettent l'abduction (le fait d'écarter le membre par rapport au corps) et les muscles de la face interne permettent l'adduction (le fait de rapprocher le membre par rapport au corps).

Ces deux grands groupes musculaires qui travaillent sont également ceux sollicités lors de la battue d'appel à l'obstacle (et oui, votre cheval commence à sauter lorsqu'il n'y a pas de barre !), mais aussi ceux qui servent à l'engagement du postérieur.

En effet, dans le mouvement de protraction du postérieur (lorsque le postérieur vient sous la masse), les muscles agonistes sollicités sont situés le long de l'avant du fémur, et les muscles antagonistes (qui s'étirent et s'allongent afin d'assurer stabilité et fluidité) sont essentiellement les fessiers et le groupe des fémoraux caudaux.



Stimulés par les déplacements latéraux, ces groupes musculaires sont donc beaucoup plus disponibles pour fournir un engagement facile et fluide. D'autant plus que, nous l'avions vu dans les articles précédents, Trottinette n'a pas trop pour habitude d'engager ...

L'augmentation de l'engagement des postérieurs permettra de solliciter la chaine musculaire des fléchisseurs (lors de la protraction), ce qui, par une réaction en chaine, sollicitera les muscles abdominaux, et par effet de levier, le dos remontera et l'augmentation des postérieurs sera encore plus aisée ... Ainsi soit-il dans un beau cercle vertueux.

De quelques pas de marche en crabe, Trottinette va gagner en locomotion et apprendre à utiliser correctement ses postérieurs, tout en musclant la ceinture abdominale et le dos. L'exercice sera aussi le prémisce d'une école des aides plus fines, avec l'utilisation des jambes de position et des jambes isolées.

Trottinette va aussi apprendre par lui même, et donc dans la douceur, qu'il peut utiliser de façon plus indépendante l'ensemble de son corps.

De plus, vous allez enrichir votre gamme d'exercices, et Trottinette se prendra plus facilement au jeu de la réflexion, l'incitant à ne pas s'ennuyer dans le bac à sable qui lui est désormais attribué.


Tout petit, mais il a déjà tout compris !


Pour notre trotteur, et n'en déplaise à L'Hotte, En avant, calme et de côté* me parait donc approprié !


*il s'agit ici bien évidemment d'un détournement de la citation pour aller dans le sens de l'article, mais il est évident que nous connaissons la véritable signification de droit, que je vous laisse ici pour mémoire : il s'agit du déplacement du cheval en toute rectitude ... et que même de côté, la rectitude est une chose indispensable. 


Trotteusement,

lundi 14 octobre 2013

Chargez ! ou comment éviter de se prendre pour la cavalerie

Vous êtes nombreux à m'avoir demandé d'aborder le sujet suivant, qui sera le premier des sujets "montés".
Il s'agit du problème du contrôle des allures, seul ou en groupe, et du fait que les trotteurs peuvent "embarquer", au trot ou plus souvent au galop.

Je le dis tout de suite : je n'ai jamais vécu ce genre de situations, et je ne dispose donc pas de solution "clé en main" à vous apporter, ni de remède miracle.
Mais face à plusieurs demandes similaires, je me suis dit que c'était un sujet important, et qu'il méritait réflexion.

C'est donc le résultat de ces réflexions que je vais vous proposer, et là encore, je vous invite à participer, donner votre avis, vos tentatives, vos réussites ... pour alimenter le débat et peut être aider un autre cavalier trottisant !



D'où vient le fait que les chevaux embarquent ? Qu'est ce que finalement de se faire embarquer ?

Pour un cheval évoluant en groupe, embarquer son cavalier peut venir d'un sentiment de joie, pour faire la course avec les autres, le cavalier perdant alors le contrôle de l'allure et de la direction.

Mais un cheval seul, et c'était souvent dans ce cas que vous cherchiez des conseils, peut aussi embarquer.

Quelle en est la raison ?

Pour ma part, j'opterai pour un manque de dressage au niveau des allures. Le trotteur, manquant de repères à des allures rapides, trouve dans la vitesse un moyen d'équilibre plus facile à trouver : un vélo qui va vite est plus stable que celui va lentement !

Au trot, cela peut être une déformation ou un réflexe lié aux entraînements, qui ressort lorsque le cheval se retrouve dans des grands espaces.
Au galop, je pense que cela rejoint l'idée préalablement citée : il est plus commode d'aller vite que doucement.

Cependant, la conclusion est la même pour le cavalier : il n'est plus maître de sa monture, et cela peut être très dangereux.

Comment régler ce problème ?

Le cheval (n'importe quel cheval), est un animal qui vit d'apprentissages et surtout d'habitudes. Il aime à se conforter dans des règles, qui le mettent dans une position confortable (exemple : je marche droit sur un chemin, sans brouter, mon cavalier pose les rênes longues. J'essaye de brouter, le contact revient).

Pourquoi, avec ce simple principe, ne pas essayer de régler ce souci de vitesse exagérée en instaurant des codes, et des règles avec le cheval ?

Pour moi, la notion essentielle à inculquer au trotteur est le respect de la cadence, liée à la régularité de l'allure.

Ce travail se fait donc préalablement en carrière, afin de disposer d'un cadre plus sécuritaire, qui va limiter les embardées de Trottinette !

Rappelons ce qu'est la notion de cadence : il s'agit du rythme d'une allure, sa régularité, et la régularité du poser de chaque membre et donc du respect du nombre de temps de chaque allure.

Un cheval cadencé s'équilibre, rebondit, engage et devient perméable aux aides de son cavalier.



Si le cheval apprend que chaque allure doit être cadencée, équilibrée, quitte à travailler sur un rythme plutôt lent, il aura tendance à reproduire ce schéma en extérieur.

Le travail peut se faire essentiellement au trot, puis progressivement au galop en carrière.
Ensuite, en extérieur, il faut vouloir oublier le galop dans un premier temps, pour retrouver un trot identique à celui obtenu en carrière, sans débordement.

Ainsi faisant, le cheval comprendra que les mêmes règles s'imposent, et restera à l'écoute. Bien entendu, souvent un trotteur galopant en ballade aura un rythme plus rapide (moins de repère pour s'équilibrer), mais l'objectif est qu'il soit à l'écoute.

Quelques exercices permettent d'obtenir la régularité de la cadence :

- travail sur des barres au sol, en ligne droite, au pas et au trot, qui vont permettre l'équilibre longitudinal puis une sensation pour le cavalier qu'il cherchera à reproduire même lorsque les barres au sol sont enlevées
- travail sur des barres au sol en cercle, et s'amuser à chercher le même nombre de posers des pieds entre chaque barre (plus facile à compter au galop évidemment, mais trop dur pour nos trotteurs dans un premier temps !). On peut aussi penser à varier le diamètre et à rechercher la cadence sur un cercle plus grand ou plus petit.
- de manière plus générale, aider le cheval à décomposer les mouvements qu'il doit réaliser, et cela peut passer par un début de travail sur plusieurs pistes : demander au cheval de sortir les hanches de la piste, de marcher lentement quelques foulées ainsi, puis de remettre les épaules devant les hanches. On peut aussi complexifier, en sortant les épaules, ou en jouant sur le pli : l'idée est que le cheval prenne son temps pour poser ses pieds, habitude qu'il conservera par la suite, et qui va aider dans les respect d'une cadence mesurée.

En selle, et trotteusement,



dimanche 6 octobre 2013

La longe ... sans tourner en rond !

Vaste sujet que celui-ci, souvent controversé (usure des jarrets), pourtant plébiscité, et seul exercice de travail à pied pour la plupart des cavaliers (à mon grand dam !).

Longer un cheval est un exercice qui ne s'improvise pas, et qui demande un peu de pratique et de réflexion afin d'arriver aux objectifs qui sont ceux du longeur ... Car une longe peut-être exercée de 10 000 manières différentes, selon le cheval, selon la place que tient la longe dans l'esprit du longeur (défouloir du cheval, réel exercice, manque de temps ...), et selon le plan de travail qu'il se fixe au préalable.

Car oui, une longe se prépare, tout comme une séance en carrière. Il faut avoir un objectif final, et pour cela, préparer une multitude de petits exercices rapides (et j'insiste sur ce point), qui vont permettre d'y arriver.

Bien utilisée, la longe est un réel outil qui peut permettre des progrès considérables, notamment en terme de musculature.



Pour cela, il faut accepter de passer par un enrênement, qui, bien réglé et utilisé à bon escient, fait travailler le cheval dans le bon sens pendant un court laps de temps.

Pour moi, une longe enrênée n'excède pas une vingtaine de minutes (soit 10 à chaque main), avec un temps de détente sans enrênement avant (entre 5 à 10 minutes selon le cheval), et après (un peu plus court, histoire que le cheval puisse s'étendre s'il en a besoin).

Au delà, je considère que les chevaux n'arrivent plus à se concentrer (car mine de rien, malgré la variété des exercices ... ils tournent en rond), et qu'il y a plus de risque de rester sur une note négative (défense, perte de motivation, etc.).

Passons maintenant sur la question du galop, très épineuse, comme toujours avec les trotteurs. Certains y voient une solution miracle pour apprendre à son cheval à galoper avec l'aide de la voix, moi je reste sceptique.

En effet, le diamètre d'une longe est extrêmement réduit même si l'on tient la longe en bout de longe, et il vaut mieux privilégier les premiers galops sur une ligne droite (piste de galop, chemin de forêt, grande carrière) que sur un cercle qui, en plus de l'allure, va perturber le cheval dans son équilibre.

Cela peut entraîner risque de chute, mais cela montre aussi à votre cheval qu'il peut galoper ainsi. Or, monté, on n'admet pas ce galop désordonné et couché qu'il peut faire en longe : pourquoi alors lui montrer, voire pire lui permettre et le féliciter pour quelque chose qu'on ne souhaite pas conserver à terme ?

Evidemment, il faut nuancer au cas par cas, car certains trotteurs galopent très bien en longe, naturellement. Même si ce n'est pas monnaie courante.

Personnellement, et même avec des chevaux qui ne sont pas des trotteurs, je ne suis pas une grande adepte du galop en longe, et je préfère une bonne séance bien construite au pas et au trot.

Parlons maintenant des enrênements à privilégier. Là encore, tout est affaire de cheval, et chacun verra midi à sa porte en fonction du vivant qu'il a en face de lui.
Néanmoins, certains enrênements sont pour moi relativement faciles d'utilisation, simples à régler et surtout bénéfiques pour n'importe quel cheval.

C'est pourquoi je n'aborderai pas ici les rênes coulissantes ou le Pessoa : ils sont compliqués d'utilisation, voire d'un maniement expert, et peuvent être utilisés lorsque le cheval est dressé.

Je préfère parler ici du gogue (tout simplement), et des élastiques (pourquoi chercher plus loin ?).



Le gogue, que tout le monde connaît, présente un énorme avantage : le cavalier se contente de le régler ... et c'est le cheval qui fait le reste, sans action sur la bouche !

Le longeur n'a qu'une mission : faire en sorte de conserver l'impulsion, et donc l'engagement des postérieurs, afin que l'enrênement agisse.

Ce faisant, le cheval engage, travaille son dos de façon souple, et vient tendre sa ligne du dessus sous l'incitation du gogue. Il se muscle à son rythme, sans que nous ayons à intervenir outre mesure.
Pourquoi s'en priver ?
En outre, nous pouvons modifier les règlages au cours de la séance pour ajuster en fonction des réactions du cheval, et obtenir un travail plus ou moins fermé dans l'angle tête/encolure.

Concernant les élastiques maintenant, ils sont à double tranchant. Certes, il permette au cheval de descendre sa tête, et donc de travailler son dos tête en bas, mais ils peuvent aussi apprendre au cheval à rester figé dans une attitude.
En effet, lorsque le cheval a trouvé comment détendre les élastiques, il peut avoir tendance (notamment pour les chevaux un peu raides) à rester dans cette position sans trop "en bouger" ... et donc ne travaille pas autant.

Personnellement, je ne conseille pas les élastiques utilisés de la manière suivante : reliés de la bouche et attachés à la sangle. Pour le même résultat, je préfère le gogue.

Je choisis de travailler avec des élastiques en vue d'un objectif : que le cheval apprenne à travailler en place, en utilisant son dos ... sans avoir de point fixe (qui monté se traduit par la main du cavalier). Cela peut beaucoup aider pour les chevaux qui ont tendance à s'appuyer beaucoup sur le mors.

Dans ce cadre d'enrênement, ils sont obligés de travailler dans leur dos (là encore, le longeur se doit de veiller à l'activité venant des postérieurs), tout en s'équilibrant d'eux mêmes, et en trouvant une solution qui n'est pas extérieure.

Les élastiques de cette façon se montrent très positifs. Ils ne doivent cependant pas être trop tendus (on ne veut pas saucissonner le cheval mais lui indiquer une sensation de confort/inconfort), et ne doivent pas être attachés trop haut sur le surfaix.



Les anneaux du milieu me paraissent plus indiqués, afin d'obtenir un placer correct sans demander au garrot de travailler trop fort.
Une position basse peut aussi être envisagée, mais attention alors à ne pas se tromper d'objectif de séance : si l'on veut qu'il apprenne à s'équilibrer tout seul, mieux vaut ne pas l'encourager à avoir un place de tête bas !

Enfin, et pour finir sur les enrênements, je travaille avec une troisième sorte d'élastique, dit éducatif.


Très facile à utiliser, peu connu, ses bienfaits sont considérables, surtout pour les jeunes chevaux, et il a le mérite de travailler en douceur.

Cet élastique agit à mi-chemin entre le vogue et les élastiques. Il passe sur la têtière, puis dans les anneaux du mors, et vient s'attacher à la sangle.

Il agit donc comme un gogue dans le mécanisme, mais en étant élastique, et donc en permettant plus de liberté au jeune cheval ... ou au cheval très raide.

Cela peut être un bon outil dans les premières séances de cheval, pour muscler gentiment, sans contraindre trop fort, et avant de passer à plus exigeant, il permet que le cheval comprenne ce que l'on souhaite obtenir de lui.

Très méconnu, il est en vente dans les bonnes selleries, à un prix défiant toute concurrence : de 6 à 10 euros ... !

Je n'ai pas parlé de l'attache de longe, et pourtant il me paraît intéressant de faire un point.
En colbert, en gourmette, directe, chacun voit l'attache qu'il veut selon son cheval et son comportement en longe, je n'entre pas ici dans le débat.


Mais il peut parfois être intéressant de travailler son cheval avec la longe qui passe dans l'anneau du mors, et qui vient se fixer sur un anneau du surfaix : c'est le principe de la "longe inversée".
Ce faisant, on incite le cheval à s'incurver (il faut être très doux dans la main), et on travaille plus l'incurvation. On incite également à déplacer les hanches à l'extérieur du cercle.
L'inconvénient étant qu'on ne contrôle pas l'épaule extérieure en longe, et que le cheval peut fuir l'exercice en dérapant à l'extérieur.

Passons maintenant aux exercices proprement dits. Quelle palette avons-nous ?
Je vais ici faire une liste non exhaustive, avec le travail que cela permet au cheval :

- transitions rapprochées (arrêt, pas, trot) : dynamisme, écoute, équilibre longitudinal
- transitions intra-allures (au trot surtout) : équilibre longitudinal
- ligne droite : permet de vérifier la rectitude de son cheval, fait varier moralement le travail, réveil l'intérêt pour le longeur
- réduction/agrandissement des cercles : équilibre du cheval, travail d'engagement (demande plus forte sur le postérieur interne lors du rétrécissement des cercles), travail de l'épaule extérieure lors des agrandissements,
- travail sur des barres au sol : équilibre longitudinal, apprend à décomposer le mouvement, quelque soit l'allure du trot, reporte du poids naturellement sur les postérieurs.
Le mieux concernant les barres au sol est d'en disposer trois ou quatre en V, afin d'avoir trois passages différents : sur un trot plus rassemblé, au trot de travail naturel du cheval, et à un trot plus soutenu.

Les exercices en longe ne sont pas très variés, même si l'on veut être imaginatif : mais le maitre mot est SOUVENT, et PEU.

Demander peu de fois un exercice, mais souvent, et changer en régulièrement.

Même règle pour les séances de longe : courtes, mais régulières.

Vous constaterez bien vite que votre cheval gagne en musculature, en aisance avec son corps, et en équilibre, avec un travail serein qui limite le stress, et vous permet également de le voir évoluer.

Car l'un des intérêts de la longe reste que vous avez votre cheval sous le yeux : apprenez à le voir, et pas seulement à le regarder !

Le travail à la longe pourra être le prélude à un autre type de travail à pied, méconnu et très peu utilisé, qu'est le travail aux longues rênes. Mais chaque chose en son temps !

Trotteusement,

jeudi 3 octobre 2013

Parlons-en !

Vous êtes de plus en plus nombreux à lire ce blog, et ses articles, et à me contacter via Facebook (messagerie personnelle ou groupes divers).

Pour que la communication soit plus facile, et qu'elle rassemble sur une même page tous les aficionados de Trottinette, j'ai créé une page Facebook, qui sera le relais de publication des nouveaux articles afin que vous en soyez avertis, mais qui servira surtout aux échanges.

Vous pourrez aussi en profiter pour y poster témoignages, photos, idées d'exercices ... ou demandes de conseils !

Cliquez, likez :



En espérant que ce soit la naissance d'une grande ... écurie,

Trotteusement,



mercredi 2 octobre 2013

Au galop ! Mais ... où sont les boutons ?!

Il est temps maintenant de concrétiser un peu les différents éléments que l'on a pu mettre en place.

Il est en effet bien beau de théoriser sur le galop et la difficulté des trotteurs à apprendre cette allure, mais finalement, je ne vous ai pas appris grand chose de nouveau !

La réflexion que je vais avoir maintenant est purement personnelle, et je ne souhaite pas du tout l'imposer comme la seule "méthode" pour travailler un trotteur, mais c'est ce qui me semble le plus indiqué.

Nous partons tous du constat que oui, le galop, et son apprentissage, restent difficiles.
Source de stress, à la fois psychologique, car associé à un interdit, source de stress, car une fois appris, les trotteurs "chauffent" (plaisir de galoper ? peur de la réprimande ?), et source de stress physique, car qui demande un fonctionnement anatomique aux antipodes de ce qui leur a été appris.

Passons rapidement sur l'apprentissage du galop, et partons du fait que Trottinette galope (promis, je reviendrai ultérieurement sur cet apprentissage, avec exercices et analyse).
De deux temps, nous passons théoriquement à trois, nous sommes souriants et victorieux, nous connaissons cette phase de projection qui donne tant de sensations, mais ...

Oui, il y a un mais. Ce galop dont nous avons tant rêvé ...
- il est le plus souvent fuyant, et tout sauf cadencé
- il est répandu ...
- ... quand il n'est pas à quatre temps
- il peut être aussi défectueux : désuni (plus rare chez le trotteur) ...
- ou pire : apparition de l'aubin (le cheval trotte des antérieurs et galope des postérieurs, nommé aubin du derrière, ou inversement, qui est nommé aubin du devant).

Dans tous les cas, ce n'est pas ce que nous recherchions, et les anti-trotteurs qui sont accoudés au bord de la carrière montrent leurs dents dans un grand sourire faussement sympathique : c'est déjà pas mal ... pour un trotteur.

Non, ce n'est pas "pas mal" !

Et si, pour essayer de remédier à ce constat, obtenu pourtant par de la sueur et du travail (et bien de l'imagination de la part du cavalier, il faut le dire), le propriétaire de trotteur acceptait de ... ne pas essayer de le faire galoper, du moins pas tout de suite.



Je m'explique.

Nous avons vu que le galop n'était pas naturel pour nos chevaux, surtout car ils ne savent pas utiliser leur corps, et soumettre leurs forces naturelles, pour obtenir les exigences physiques demandées par l'allure du galop.

Dans ce cas, pourquoi ne pas, tout simplement, et en premier lieu, apprendre au trotteur à se réconcilier avec toutes les parties de son corps ... sans lui encombrer la tête et l'esprit avec le galop ? Qui inclut implicitement apprentissage corporel et apprentissage de nouvelles aides, totalement étrangères ?

Personnellement (et je surligne ce mot), j'opterai pour un dressage du trotteur ... au trot (et au pas, of course (de trot ahah):

- apprendre à utiliser son dos, à des allures qui ne lui sont pas difficiles
- apprendre à mobiliser son encolure
- apprendre à utiliser ses postérieurs sous la masse ... (engagement)
- ... ce qui a pour conséquence l'apprentissage du travail latéral
- ... et l'apprentissage de l'équilibre sur les postérieurs, qui est aussi inconnu (lié à la fixité de la tête et de l'encolure, dans un équilibre horizontal) ?

Et une fois ces choses acquises au pas et au trot, nous obtenons un cheval qui connait les aides du cavalier classique, qui est habitué à apprendre de nouvelles choses, sans que cela le stresse, qui est musclé dans son corps de façon à pouvoir supporter les mouvements du galop, et qui a compris comment utiliser certaines parties pour pouvoir gérer son corps autrement.

Le galop deviendrait-il ainsi plus simple, moins monstrueux, tant pour le cavalier que sa monture ?
Plus fluide, moins hors de portée ?

Attention, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit : le galop ne sera pas pour autant dès le début harmonieux, parfaitement équilibré, ramassé sur les postérieurs et bien décomposé.

Mais le cheval aura des bases de dressage qui lui permettront sans doute d'évoluer plus vite au galop.

Rappelons aussi, au passage, et au risque de vexer des propriétaires de trotteurs : ce ne sont pas des chevaux pour débutants, mais pour cavaliers confirmés, et leur dressage n'est pas un tour de passe-passe (malgré leur gentillesse et leur bonne volonté), mais bien un réel exercice pour des cavaliers qui sont "dans leurs aides", à leur place, et connaisseurs de l'évolution d'un cheval.

Je vous laisse maintenant la parole : avis sur ce qui a été dit, expérience, tout est permis !

Les prochains articles seront consacrés au début du travail, et, selon mon avis, je n'aborderai pas tout de suite les exercices de galop, mais bien ceux "de base", au pas, au trot, et ... à pied !

Trotteusement,




Etude du galop : le trotteur est-il un galopeur comme les autres ?

Il paraît utile de se pencher sur la question du galop pour terminer notre rapide étude biomécanique des allures du cheval.

En effet, allure naturelle par excelle, allure de fuite et réflexe équin, le galop est pourtant chose interdite aux trotteurs. D'où notre grand désarroi lorsque Trottinette arrive dans le manège : mais comment fait-on ?

Ces interrogations, lorsque l'y réfléchit, pousse à nous demander si le galop est, par nature, une allure éloignée de la morphologie du trotteur, ou si c'est l'entrainement qu'ils suivent dès leur plus jeune âge, qui pousse les trotteurs dans un retranchement, loin de l'inné locomoteur ?

Au galop, les parties du corps qui sont le plus sollicitées sont les postérieurs, qui viennent s'engager, l'axe de la colonne thoraco-lombaire, qui s'étend et se raccourcit selon les phases du galop (à l'image d'un ressort), l'encolure, sous le poids du balancier.

On le voit ici sur le schéma (bien connu des cavaliers !), l'encolure est plus ou moins basse, et le dos plus ou moins long (court sur la phase de propulsion, où le diagonal est en appui, et plus long sur la dernière phase avant la projection) :


Les membres postérieurs ont un rôle essentiel puisqu'ils sont les éléments propulseurs. Ils agissent simultanément avec l'extension thoraco-lombaire (phénomène du dos qui "s'allonge"), et à l'inverse, ils viennent s'engager sous la masse (protraction, intervenant lors du poser du diagonal) en même temps que la flexion thoraco-lombaire (dos qui se "raccourcit"). 

C'est ce dernier constat qui nous intéresse particulièrement, puisque nous avons dit dans le précédent article que les trotteurs, par l'entraînement, sont plus facilement dans la propulsion des postérieurs que vers leur protraction (engagement vers l'avant). 

C'est donc cette partie du galop qui est compliqué pour nos trotteurs (il s'agit ici de mon cheval, il y a un  an et demi, qui est arrivé à un niveau de galop plus que satisfaisant .. et pourtant, on a l'impression que son postérieur gauche, au lieu de s'avancer sous la masse, reste "happé" vers l'arrière, poussant plus qu'il ne soutient) :



Alors qu'on aimerait tendre vers ceci (on voit que le postérieur gauche cherche à se rapprocher du centre de gravité situé sous la masse) :




Est-ce ce point qui complique considérablement l'apprentissage du galop pour les trotteurs ayant connu les courses ?

Biomécaniquement, l'explication se tient, surtout quand on sait qu'un trotteur n'utilise pas véritablement son dos, et est relativement rigide, et peu habituée à ce mouvement de flexion-extension (tendance à garder la tête au même niveau, surtout dans les premiers galops).

Dans ce cas, le trotteur est un cheval comme les autres ... jusqu'à que ce qu'il foule les pistes, pour son métier premier.
Evidemment, il ne faut pas omettre non plus le travail de sélection génétique, qui conduit les poulains trotteurs à être physiquement disponibles pour l'extension des allures au trot.

Avis alors aux propriétaires de trotteurs qui n'ont presque pas été entraînés : qu'en était-il de l'apprentissage du galop ? Cela fut-il naturel, ou tout du moins dénué de complications liées à la locomotion ?

Je suis à votre écoute pour vos témoignages !

En conclusion, Trottinette a du mal à galoper car les habitudes qu'on lui a données sont en contradiction avec l'inné locomoteur du galop. Il faut donc apprendre à Trottinette à utiliser ses pieds dans le bon ordre ... et dans le bon sens, tout en ayant comme objectif premier d'enlever tout stress, puisque, comme chacun sait, Trottinette a très bien compris que le galop était interdit ... et en conséquent, en cheval bien appliqué, fera tout pour l'éviter.

Le prochain article permettra de continuer la réflexion sur le galop, en termes de réalités, de problèmes, et d'objectifs.

Trotteusement,


lundi 30 septembre 2013

Le trotteur : sa biomécanique ... au trot

Pour comprendre de quoi il s'agit, et comment le faire travailler et évoluer dans le bon sens, posons-nous d'abord la question : comment ça fonctionne ?

Petit traité de biomécanique en raccourci, cet article vous aidera à comprendre les bases de l'allure première de votre cheval.

Le but n'est pas de faire le singe savant en énumérant les muscles qui travaillent au trot, cela, tout bon manuel de biomécanique équine vous le dira mieux que moi (et sans faute d'orthographe dans ces mots barbares !), mais de comprendre quelles zones du corps sont sollicitées chez le cheval au trot, et par conséquent très sollicitées (et musclées) chez le cheval de trot.



Le trot est une allure stable en termes de locomotion, et le principal effet est que le dos reste stable, grâce à l'action du muscle grand dorsal, qui stabilise la colonne thoraco-lombaire en fin de propulsion.
L'action de ce muscle permet aussi l'étirement de la zone combo-sacrale, et donc la propulsion du postérieur, qui est notre finalité.

En parallèle, toujours dans l'arrière-main, ce pont thoraco-lombaire entre en rotation, lors du passage d'un diagonal sur l'autre.

Les muscles qui permettent cette rotation (et la diagonalisation qui va de paire) sont ceux de l'abdomen.

Ils sont aussi fortement sollicités lors de l'appui d'un diagonal, afin d'assurer la protraction (action de tirer en avant) de l'autre diagonale.

Concernant l'encolure, l'ensemble des muscles de l'encolure (splénius, bravo-céphalique et sterno-céphalique) sont actifs à chaque temps de suspension afin de limiter l'abaissement de la tête, et pour participer à la protraction des antérieurs.



Pause résumé après ce passage difficilement digérable !

Quelles zones du corps du cheval entrent en jeu au trot :

- de façon active (pour aider au mouvement) : les muscles de l'abdomen, les muscles de l'encolure, et le muscle sur la croupe (fessier moyen)
- de façon passive (pour limiter un mouvement ou stabiliser) : les muscles situés sur la croupe, les muscles du dos, les muscles de l'encolure.

Quelles conclusions devons nous tirer de ces données objectives ? (Je parle pour un cheval sortant d'entraînement).

Tout d'abord, nous avons des chevaux qui ont un dos qui travaillent perpétuellement, mais de manière figée, sans extension d'encolure (muscles courts).
Ils engagent fortement, avec une sangle abdominale très musclée. Ceci est un atout, contrebalancé par un autre effet : s'ils engagent fort, les trotteurs recherchent la vitesse en "poussant" avec leurs postérieurs.


Et c'est là qu'intervient ce point essentiel à ne pas oublier : le trotteur de course, dont la vitesse est obtenu par le compromis "cadence/amplitude", ne doit cette vitesse qu'au fait qu'on ne respecte pas les allures naturelles du cheval. L'inné locomoteur est écarté pour les exigences des courses.

Je n'entre pas ici dans un début bien ou mal, pour ou contre : c'est un fait, étayé par les ostéopathes et spécialistes, nous ne faisons ici qu'établir une vérité pour savoir comment y remédier, une fois le cheval revenu dans les carrières.

Notre objectif, en tant que cavalier, est donc multiple :

- apprendre à notre trotteur à utiliser son encolure comme un élément faisant partie de sa locomotion (et pas seulement pour participer à la stabilité de la tête)
- apprendre à notre trotteur à engager de manière latérale, afin de muscler le bas de son dos
- apprendre à notre trotteur à limiter la poussée des postérieurs, et en venant engager plus naturellement.
- apprendre également tout le travail latéral, qui lui est méconnu (chose identique pour la plupart des chevaux de courses, galopeurs et sauteurs inclus) ... et ce afin de perdre également dans cette rigidité du dos qui lui est propre.

Cependant, le trotteur a aussi ses avantages :
- son dos est musclé, même s'il ne l'utilise pas comme nous le souhaiterions
- il engage ... et c'est la base de la locomotion !

Le point de détail sur lequel il faut être prudent et minutieux, en tant que cavalier, est bien que nos chevaux n'ont pas pour habitude physique d'engager en se redressant (utilisation du dos, de l'encolure, des postérieurs), et, selon la physionomie de chaque trotteur, il faut y aller avec prudence et réserve, car cela peut rester pour certains un objectif lointain : on ne fera jamais d'un trotteur un cheval de selle, ayant la locomotion d'un cheval de selle.

Maintenant que nous avons analysé le trot, et les forces et faiblesses de nos chevaux, je vous proposerai, dans un prochain article, de travailler sur l'analyse du galop, afin d'en comprendre le fonctionnement musculaire, et pourquoi c'est une allure compliquée, même lorsqu'ils ont compris qu'ils avaient le droit de galoper.

Trotteusement,